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Conclave 2005

Conclave 2005

Jean-Paul II n’a pas reconnu les signes des temps et il a conduit l’Eglise catholique à la crise.

“ Sonntagszeitung ”, (Zurich, 12.10.03.)

Jean-Paul II n’a pas reconnu les signes des temps et il a conduit l’Eglise catholique à la crise.

par Hans Küng.

Le 17 octobre 1979 j’ai publié un bilan provisoire de la première année de pontificat du Pape Jean-Paul II. C’est cet article paru dans plusieurs journaux du monde qui a donné deux mois plus tard le coup d’envoi au retrait de ma permission d’enseigner au titre de théologien catholique et au nom de l’Eglise.

25 ans de pontificat ont confirmé ma critique. Pour moi ce pape n’est pas, au XXème siècle, le plus grand, mais le plus riche en contradictions. Un pape pourvu de grandes potentialités et responsable de décisions erronées. Pour ramener le tout à une simple formule : sa “ politique étrangère ” exige du monde entier la conversion, la réforme, le dialogue. Mais sa “ politique intérieure ” en constitue le contraste flagrant, en visant la restauration de la situation antérieure au Concile de Vatican II et le refus du dialogue au sein de l’Eglise.

  1. Le même homme qui représente les droits humains à l’extérieur les refuse à l’intérieur aux évêques, aux théologiens et surtout aux femmes. Le Vatican ne peut légitimement signer la Déclaration des Droits de l’Homme appuyée par le Conseil de l’Europe, car il faudrait au préalable modifier un trop grand nombre de décisions du droit canon romain marqué par un absolutisme moyenâgeux. La séparation des pouvoirs est inconnue dans l’Eglise catholique. En cas de conflits, c’est la même autorité qui intervient pour légiférer, pour  accuseret pour juger.

    Conséquences : un épiscopat servilement soumis et une situation juridique insoutenable. Quiconque entre en conflit juridique avec les instances suprêmes de l’Eglise aura à peine une chance de voir ses droits l’emporter.
  2. C’est un homme qui a une grande vénération pour la vierge Marie, qui prêche un noble idéal féminin, mais qui dévalorise les femmes et leur refuse l’ordination. Tout en suscitant la sympathie de femmes catholiques traditionnelles, ce pape est un repoussoir pour les femmes modernes qu’il veut exclure “ infailliblement ” et pour l’éternité des ordres majeurs et qu’il relègue, en cas de contraception, parmi les représentants d’une “ culture de la mort ”.

    Conséquences : un divorce entre le conformisme à l’extérieur et l’autonomie de la conscience à l’intérieur de l’Eglise qui, par exemple dans le cas des conseils pour les femmes en situation de conflit, aliène aussi à celles-ci les évêques partisans de Rome et qui mène ainsi dans une proportion grandissante ceux qui étaient restés jusqu’ici fidèles à l’Eglise à la fuir en masse.

  3. Un homme qui prêche contre la pauvreté des masses et contre la misère dans le monde, mais qui, par son attitude à propos de la régulation des naissances et de l’explosion démographique se rend complice de cette misère. Ce pape qui, au cours de ses nombreux voyages et face à la Conférence de l’ONU sur la Population, prend au Caire parti contre la pillule et les préservatifs est certainement responsable, lui aussi, et plus que tout homme d’Etat, d’une croissance démographique incontrôlée dans plus d’un pays et de l’extension du sida en Afrique.

    Conséquences : même dans des pays catholiques traditionnels comme l’Irlande, l’Espagne et la Pologne on refuse de plus en plus la morale sexuelle du Pape et l’on s’insurge contre le rigorisme catholique romain à propos de l’avortement.

  4. Un homme dont la propagande exalte l’image d’un prêtre masculin et célibataire, mais qui se rend, lui aussi, responsable de la pénurie catastrophique de prêtres, de l’effondrement de la pastorale dans de nombreux pays et des scandales que l’on ne peut plus masquer,  qui sont liés dans le clergé à la pédophilie. L’interdiction toujours imposée aux prêtres de se marier n‘est qu’un exemple de la manière dont ce pape se place, en faveur du droit canon du XIème siècle, en dehors de la doctrine de la Bible et de la grande tradition catholique qui ne connaissait au premier millénaire aucune loi imposant le célibat aux ministres.

    Conséquences : Les cadres se sont raréfiés, la relève ne se fait pas, près de la moitié des paroisses se trouvera dans peu de temps sans pasteur ordonné et sans célébrations régulières de l’Eucharistie, ce que ni la venue de prêtres parachutés de Pologne, de l’Inde et de l’Afrique ni le regroupement de paroisses en grandes “ unités pastorales ” auquel on se voit contraint ne saurait plus voiler.

  5. Un homme qui s’adonne à une pléthore de canonisations, mais qui incite en même temps avec le pouvoir d’un dictateur son inquisition à poursuivre des théologiens, des prêtres, des religieux et des évêques qui déplaisent : les victimes sont principalement des croyants qui se distinguent par leur esprit critique et par leur énergique volonté de réformes. Tout comme Pie XII en a usé envers les théologiens les plus importants de son époque (Chenu, Congar, de Lubac, Rahner, Teilhard de Chardin), Jean-Paul II (et son grand-inquisiteur Ratzinger) a poursuivi Schillebeckx, Balasuriya, Boff, Bulànyi, Curran ainsi que l’évêque Jacques Gaillot (Evreux) et l’archevêque Huntington (Seattle).

    Conséquences : une Eglise de surveillants, dans laquelle se répandent la délation, la peur et la servitude.  Les évêques se conçoivent comme les préfets de Rome et non comme les serviteurs du Peuple de l’Eglise et les théologiens se conforment dans leurs écrits aux positions officielles ou se taisent.

  6. Un homme qui fait l’éloge de l’œcuménisme, mais qui est une entrave aux relations avec les Eglises orthodoxes comme avec celles qui sont issues de la Réforme et qui empêche la reconnaissance de leurs ministères et de la communion entre protestants et catholiques dans la célébration de la Cène. Conformément aux recommandations fréquentes des commissions d’experts en œcuménisme et à la pratique locale dans de nombreuses paroisses, le Pape pourrait reconnaître les ministères des Eglises non catholiques et leurs célébrations de la Cène et autoriser aussi l’hospitalité eucharistique. Il pourrait également réduire l’autorité excessive qu’il revendique comme au moyen-âge vis-à-vis des Eglises orientales et de celles qui sont issues de la Réforme. Mais il tient, lui, à maintenir les structures du pouvoir romain.

    Conséquences : l’entente au plan œcuménique a été stoppée après le Concile de Vatican II. Tout comme au XIème et au XVIème siècle, le régime pontifical se manifeste comme étant le plus grand obstacle à l’unité des Eglises chrétiennes dans la liberté et la diversité.

  7. Un participant au Concile de Vatican II, qui méprise par ailleurs la collégialité entre le  Pape et les évêques telle qu’elle y a été décidée et qui ne cesse en toute occasion de célébrer le triomphalisme absolutiste de la papauté.  Au lieu des mots d’ordre tels que “ aggiornamento, dialogue, collégialité, ouverture à l’œcuménisme ”, ce sont maintenant “ la mouvance restauratrice, le magistère, l’obéissance, le retour au style romain ” qui prévalent dans les déclarations et les engagements.

    Conséquences : Les foules qui affluent aux manifestations pontificales ne devraient pas nous faire illusion : c’est par millions que d’autres ont, au cours de ce pontificat, “ fui ” hors de l’Eglise ou se sont retirés dans l’émigration intérieure. L’animosité affichée par de vastes fractions de l’opinion publique vis-à-vis de la superbe manifestée par la hiérarchie a augmenté dans une proportion menaçante.

  8. Un représentant du dialogue avec les religions du monde, qui rabaisse en même temps ces dernières au rang de formes tronquées de la foi. Le Pape aime rassembler autour de lui des dignitaires d’autres religions. Mais il apparaît bien peu qu’il s’occupe théologiquement des causes que celles-ci représentent. Il entend bien plutôt, même sous le signe du dialogue, être un “ missionnaire ” de l’ancien style.

    Conséquences : la méfiance envers l’impérialisme romain est toujours aussi amplement répandue. Et cela non seulement parmi les Eglises chrétiennes, mais également dans le judaïsme, l’Islam et à plus forte raison en Inde et en Chine.

  9. Un avocat persuasif qui s’engage ardemment au nom d’une morale privée et publique en faveur de la paix, mais qui se prive en même temps de sa crédibilité au titre d’autorité morale en raison de son rigorisme irréaliste. Les efforts légitimes du Pape en matière de morale n’ont pour une grande part pas connu le succès en raison de ses prises de position rigoristes dans des questions concernant la foi et la morale.

    Conséquences : ce pape qui passe autant aux yeux de catholiques traditionalistes qu’à ceux du monde sans Dieu pour un superstar a livré par son autoritarisme son ministère à la déchéance de sa propre autorité. Bien qu’il soit au cours de ses voyages un agent charismatique de la communication mis efficacement en scène par les medias (tout en êtant incapable de dialogue et en manifestant son acharnement à tout réglementer), c’est la crédibilité d’un Jean XXIII qui lui fait défaut.

  10. Le Pape s’est efforcé en l’année 2000 de parvenir à une confession publique, mais il a sollicité le pardon seulement pour “ les fils et les filles de l ‘Eglise ”, et non pour les “ Saints Pères ” et pour “ l’Eglise elle-même ”. 

    Conséquences : Cette confession restée à mi-chemin n’a pas eu de suite : elle n’est pas une conversion, mais il n’y a eu là que des paroles non suivies d’actes. Au lieu d’utiliser les repères fournis par l’Evangile qui, face aux égarements de l’évolution actuelle, indiquent le chemin qui mène à la liberté, à la miséricorde et à l’attention fervente portée aux hommes, on utilise à Rome toujours pour critères un droit moyenâgeux  qui délivre non pas un message d’allégresse, mais, qui, par ses décrets, ses catéchismes et ses sanctions, brandit les menaces.     

On ne saurait négliger le rôle du Pape polonais dans l’effondrement de l’empire soviétique. Mais ce n’est pas ce Pape qui en a provoqué la chute, ce sont les contradictions économiques et sociales inhérentes au régime soviétique lui-même. Ce qui fait la tragédie personnelle et profonde de ce pape, c’est que son modèle catholique polonais d’Eglise (à la fois moyenâgeux et marqué par la contre-réforme et l’antimodernisme) n’a pu se transmettre au “ reste ” de l’univers catholique. Bien plus : en Pologne même aussi il a été submergé par l’évolution du monde moderne.

En dernière analyse, ce pontificat s’avère être pour l’Eglise catholique, en dépit de ses aspects positifs, un fiasco. Un Pape dépassé par les événements, qui n’abandonne pas son pouvoir bien qu’il le pourrait, est pour beaucoup le symbole d’une Eglise qui, derrière sa façade brillante, s’est sclérosée et affaiblie sur ses vieux jours.

Si le prochain pape voulait poursuivre ce pontificat, il renforcerait encore l’énorme accumulation de problèmes et conduirait la crise structurelle de l’Eglise catholique littéralement à une impasse.

Non, un nouveau pape devra se décider à corriger la cap et insuffler à l’Eglise le courage nécessaire à de nouveaux départs dans l’esprit de Jean XXIII et dans la lignée des réformes dont le Concile de Vatican II a donné le coup d’envoi.

Un théologien combatif.-

Hans Küng a pourvu comme aucun autre théologien au déclenchement de débats controversés dans l’Eglise catholique en abordant de front des questions fondamentales sur la foi et sur la religion (“ Dieu existe-t-il ? ”, “ Infaillible ? ”). En 1979 le Vatican lui a retiré, en réaction à un texte publié sur le Pape, la permission officielle d’enseigner au nom de l’Eglise, selon sa pratique de Professeur de Dogmatique et de Théologie œcuménique à l’Université de Tübingen. Hans Küng qui est né en 1928 à Sursee a reçu plusieurs fois des distinctions honorifiques, comme la semaine dernière au titre de Docteur honoris causa de l’ “ Ecumenical Theological Seminary ” à Detroit.

(traduit de l’allemand par Jean Courtois, Lyon).-

 

Next Papacy Must Address the Question of Women

Thursday, 14 April 2005
 
Today, during a presentation sponsored by the International Movement We Are Church at the Auditorium Cavour, in Rome, Adriana Valerio, President of the European Society of Women in Theological Research, told reporters the next papacy must address the question of how women are perceived and treated in the church.
 
This is not a marginal question, says Valerio, because the “atmosphere of silence and threat in church institutions has increased to such an extent that it has stifled freedom of thought, research, and speech, making it impossible to dialogue or work together.  Once again, women have been reduced to silence and invisibility.”
 
She says the next pope faces five major challenges with regard to women.
- A new anthropology of sex.
- The revision of theological disciplines.
- Open admission of women to the theological faculties worldwide.
- Renewal of ministries.
- Decision-making roles for women throughout the church.
 
Anthropology of Sex: There needs to be a new understanding of partnership between the sexes, rather than a complementary anthropology in which men are given public and political power and women are relegated to home and family. Negative attitudes about women’s bodies led church officials to exclude women from the holy and ascribe to them passive attributes. Today, feminine attributes should be seen in a more positive light, worthy of association with the divine.
 
Revision of Theological Disciplines: The church’s core theological disciplines must be revised in order to respect the dignity of both men and women.  The use of feminine metaphors such as “womb, nourishment, care, welcome, proximity, tenderness, sharing, weakness, Wisdom and Mother, will help overcome the patriarchal concepts that exclude women from the realm of the holy,” Valerio says. Male clerical teaching cannot lay down the law about reproductive roles. Instead, women must be considered as active and responsible persons in the development of church teachings on sexual issues.
 
Church history must reveal the hidden aspects of women’s roles in the church and in scriptures. “Women do not appear at all in the text books adopted in theological faculties,” Valerio points out. “The new pope has the duty of encouraging research and preservation of the female memory and tradition, so that it may become the patrimony of the whole church… the memory of women has to be given back to Christians so that we can revive the history of theology, of spirituality, of the institutions.”
 
Open Admission: Women scholars have published widely, yet their work has not been sufficiently acknowledged and used, nor have women been appointed to theological faculties in a manner commensurate with their contributions to the field.
 
Renewal of Ministries: “No one ministry can be considered incompatible to women.” Valerio adds: “The acknowledgement of the dignity and authority of the human person means to acquaint the person with decision-making power. The inclusive sharing model and the ethos of equality do not exclude the exertion of authority and of ministry. They demand it.”
 
Professor Adriana Valerio is Professor of History of Christianity at the University of Naples, “Federico II.”  She has specialized in role of women in the history of Christianity.
 
 

Challenges Facing New Pope

Saturday, 16 April 2005
 
In the third of four press briefings sponsored by the International Movement We are Church, Paul Collins, PhD, a well-known Australian church historian, called for a return to local election of bishops and issued a stinging critique of the former papacy of John Paul II and Cardinal Josef Ratzinger, prefect of the Congregation for the Doctrine of the Faith (CDF) as “reactionary.”
 
Among the most formidable challenges facing the new pope is “the legacy of John Paul II, whose 26-year papacy gave him unprecedented ability to centralize the papacy of the church,” Collins said. It was “reactionary, with no sense of contemporary theology, biblical studies and church history.”  There was “no demonstrated understanding of the historical conditioning that gives context to all philosophy, ethics, and theology.”
 
Cardinal Ratzinger, he told reporters, “while profoundly aware of recent developments in western theology, shared the same historical amnesia.”
 
“What the church needs now is a genuine return to tradition, a pope who can recover legitimate approaches to church authority, which have been obscured by extreme interpretations of the definition of papal infallibility and primacy.”  The church needs now “the new ideas and new sense of purpose that comes from a decisive change in leadership style.”
 
Among the challenges facing the new pope are:
 
The need to recover a Gospel vision of servant leadership. History reveals that ideal was quickly abandoned, “by any New Testament norm, the modern papacy is seriously deficient.”
The profound need to restore the church’s “traditional doctrines of communion, collegiality, and the role of the councils,” Collins says. “There is a real sense in which the Wojtyla papacy has been an extreme realization of papal extremism. We need a pope who is willing to share the government of the church with the bishops, priests and laity. A minimum requirement would be that bishops were elected locally, not appointed by a manipulative, arcane process presided over by the Congregation of Bishops in Rome.”
 
Collins, a priest of 32 years, is a writer and television broadcaster. He resigned over the Vatican’s investigation of his book, Papal Power in 1997. His latest book, Upon This Rock, published in 2000, is a general history of the church’s popes.

Church Authorities Would Rather Close Parishes Than Give Women a Greater Role

Friday, 15 April 2005
 
Since the 1990s Vatican authorities systematically have downgraded the role of women in the church, giving the lie to Pope John Paul II’s declarations that women must be accorded equal dignity in the church, says Sr. Joan Chittister, OSB, a prominent lecturer and writer from the United States.
 
“In [American] diocese after diocese, where they have served in official capacities for years, women are being removed from every office in the chancery except, perhaps, as vicars for religious,” says Chittister.
 
These events are occurring despite a papal letter to women in 1985, in which Pope John Paul II famously apologized for the church’s historic failure to recognize the equality and value of women. In it, John Paul II wrote, “respect (for women) must first and foremost be won through an effective and intelligent campaign for the promotion of women, concentrating on all areas of women’s life and beginning with a universal recognition of the dignity of women.”
 
Chittister’s remarks were given in Rome during an April 15, 2005 press conference at the Cavour Auditorium near St. Peter’s Square. Her presentation was one of four media presentations sponsored by the International Movement We Are Church (IMWAC), focusing on the problems facing the successor of Pope John Paul II.
 
The question of women is at the heart of the survival of the American church, says Chittister.  In March 2005, the National Lea